MANU KATCHE : L’INTERVIEW

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Comme nous vous le disions dans un précédent billet, l’émission musicale One Shot Not d’Arte passe en hebdo à partir du 14 janvier prochain. Deezer a choisi de s’associer à ce magnifique programme musical. One Shot Not, ce sont des rencontres musicales autour de prestations live musclées, orchestrées par un Manu Katché toujours aussi judicieux  dans ses choix. Aujourd’hui le monde de la musique est bousculé, il s’agite, se passionne… Et c’est aussi un homme passionné que nous avons rencontré avec une seule chose dans les tripes : la Musique…

One Shot Not passe désormais en programmation hebdo à partir du 14 janvier, c’est donc plutôt très bon signe pour vous ? En effet… Déjà quand j’ai commencé l’émission, je ne savais pas quelle longévité elle aurait… L’émission était mensuelle et passait le samedi soir tard, on s’est rendu compte que les gens étaient soit en famille soit entre amis donc difficilement devant leur télé. J’ai donc demandé à Arte s’il était possible d’envisager un autre jour de diffusion. Ils m’ont plus qu’écouter car ils m’ont d’une part proposé le jeudi et d’autre part  passé en hebdo ! Donc je suis ravi car au final c’était aussi une envie de leur part de pouvoir rendre l’émission « plus visible ».

Aujourd’hui il y a de plus en plus d’émissions musicales live. Taratata  a ouvert la marche il y a quelques années, il y a aussi  la musicale sur Canal. Parmi ces émissions, où se situe One Shot Not ? A mon sens il n’y en a pas assez… ! Il y a en effet Taratata qui a ouvert la marche il y a quelques années et La musicale sur Canal si vous n’êtes pas abonnés vous ne la voyez pas. Je suis un peu nostalgique de l’époque où il y avait des émissions comme « Le Grand Echiquier » qui était juste sublimissime. Ces émissions de divertissement ont aujourd’hui laissé place à des concepts type Starac et la Nouvelle Star… Aujourd’hui musicalement parlant il y a beaucoup de choses à faire découvrir et à apprendre… Donc pour revenir à votre question,  grâce à Taratata,  One Shot Not existe et où elle se situe ? Je dirais qu’elle est surement moins grand public que Taratata, elle a une dimension européenne  puisque elle est diffusée dans plusieurs pays. En ce qui concerne son contenu, One Shot not n’est pas une émission forcément promotionnelle, les artistes qui y passent ne font pas forcément l’actu, moi je n’y ai pas trop le rôle d’animateur. Ce qui m’intéresse vraiment c’est de décoder  les univers des musiciens que je reçois et transmettre  aux téléspectateurs ce qu’il se passe certes sur scène mais aussi en coulisses. Ce sont parfois des gestes anodins  comme une cigarette allumée ou un café… Mais c’est à mon sens très significatif car ce sont tous ces gestes filmés qui vont en quelques sortes tissés la performance sur scène. J’essaie de donner des codes,  c’est ce qui rend l’émission plus pointue et c’est ce que les gens aiment. Enfin je l’espère !

Selon vous, est-ce que ce genre de programme souvent très riche au niveau du contenu ne mériterait il pas une plus grande exposition médiatique ?

Là,  c’est un autre débat…  Le souci c’est que si on passait en prime time sur une chaine type TF1 on vulgariserait le programme et de ce fait on ciblerait un public forcément différent. En France il y a des niches, si je propose One Shot Not  à des chaines grand public en tant qu’émission de divertissement,  il faut avoir des références correspondantes. A mon sens One Shot Not s’adresse à un public  plus pointu, plus « élitiste » et aussi en quelque sorte plus exigent car ce sont aussi des connaisseurs en matière de musique et ce sont eux qu’il ne faut pas décevoir et fidéliser. Moi je me dis que ceux qui me regardent et aiment  l’émission partagent les mêmes goûts que moi et c’est ce qu’il me plaît. En conclusion,  je pense qu’il ne faut pas  « avoir le cul entre deux chaises » pour un programme musical !

Vous êtes dans le milieu de la musique depuis plusieurs années maintenant, vous le connaissez sous toutes ses facettes que ce soit en ayant accompagné de nombreux artistes, en tant qu’artiste solo, en tant que jury de la Nouvelle Star ou en tant que présentateur… Aujourd’hui quel regard portez-vous sur ce milieu ?

Aujourd’hui  il y a une vraie révolution mais en même temps  une belle évolution dans le sens où il se passe pleins de choses. L’arrivée du net a certes aussi tout bouleversé,  alors parfois « en mal » par rapport à tout ce qu’il se passe avec le téléchargement illégal et Hadopi mais dans l’ensemble je dirais que l’on peut plus facilement accéder à une multitude de choses et ce sans barrière. Si on prend déjà l’exemple de la langue, aujourd’hui de nombreux artistes français peuvent chanter en anglais sans que cela pose un problème et parce que certaines musiques s’y prêtent d’avantage, c’est plus simple à interpréter. Par ailleurs la langue française s’exprime aussi différemment c’est ce qu’on appelle la nouvelle scène française et là encore une fois il y a de très belles découvertes. Techniquement  les oreilles se sont aussi affutées, les gens aussi s’équipent de mieux en mieux que ce soit avec des casques ou autre…

Donc aujourd’hui ce qui est intéressant  et important  pour un artiste c’est  qu’il faut être visible, avoir les moyens de faire passer des choses et toucher le plus grand nombre et nous sommes dans cette configuration  et grâce notamment au net les chances sont multipliées. Alors certes dans cette « noyade » le plus compliqué c’est de sortir du lot et d’exister et surtout de rester. Dans ce marasme il y aussi l’aspect scénique qui est important et qui résiste, on assiste même à un retour de la scène. Aujourd’hui un artiste complet a les moyens d’aller jouer sur scène et de s’exprimer que ce soit dans un bar, un théâtre ou MJC… Tout cela pour vous dire que nous sommes dans l’ensemble dans une bonne ère musicale car il y a une bonne représentation. En revanche,  je ne sais pas comment ça va évoluer,  les choses  continuent à se mettre en place (Hadopi n’est pas la meilleure des choses sous certains aspects mais au moins  il y a une prise de conscience) et  il y a donc une bonne dynamique. J’ai été confronté à des jeunes de 15 ans assez impressionnants. Et ce qui est aussi certain c’est que la France est musicalement parlant dans une situation extrêmement encourageante …

Est-ce que vous pourriez inviter des artistes de la Nouvelle Star ou de la Starac sur One Shot Not ?!

Alors je vais être très direct et franc comme je sais l’être,  la Starac non car ce n’est absolument pas ma came. Il est vrai que lorsque j’ai été jury de la Nouvelle Star j’ai rencontré des fortes personnalités. En revanche comme One Shot Not  n’est pas forcément promotionnelle  et que c’est un lieu de rencontres et de performances musicales, il est certain que ces candidats gagnants ou pas peuvent parfois manquer de maturité. Ils sont aussi parfois dans une dynamique d’exposition commerciale excessive…

Mais un Julien Doré ne pourrait-il pas nous étonner dans One Shot Not ?

Surement et je  pense aussi  à Christophe Willem car ils ont  chacun su créer un univers. Mais je pense  qu’ils devraient prendre un peu plus de recul ou de distances par rapport à, comme je le vous disais,  cette exposition commerciale  pour pouvoir exister en tant qu’artiste au sens pur du terme.

Quel est l’album qui vous a donné la dernière claque ?

C’est compliqué car j’écoute et apprécie énormément de choses. Le dernier Sting est étonnant. Passer de l’univers de Police à celui d’aujourd’hui beaucoup plus classique,  c’est faire preuve d’un incontournable talent.  C’est un artiste cohérent il sait qu’il ne peut plus faire du Police à 60 piges et le fait de prendre d’autres horizons musicaux c’est juste ingénieux de sa part…

J’ai aussi été très surpris par l’album de Yodelice, musicalement je trouve ça très abouti, la formule guitares violons cet espèce de rock progressif… La aussi il y a du talent, c’est maitrisé et très original. Et puis un dernier peut être : John Mayer  dans le style pop musclée mais aussi jazzy dans les harmonies, vraiment grande classe ! Je pense qu’il va occuper la scène pendant de nombreuses années…

Pour conclure,  est-ce que vous utilisez Deezer et si oui de quelle manière ?

J’utilise Deezer très régulièrement mais comme une radio. Je le mets et je découvre. J’écoute énormément de choses.  Avant c’était les cassettes et puis après les CD aujourd’hui c’est aussi les podcasts mais je trouve que Deezer c’est la forme la plus réussie et aboutie de tout ça… C’est un florilège musical sans clivage. Je découvre beaucoup de choses que je ne connaissais pas auparavant. J’écoute ça chez moi et c’est une source très positive et les choix mis en avant sont bons.

Propos recueillis par Sophie.